LES COMBATS DE COQS
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Originaire d'Orient, ce 'sport' (?) fût introduit en Grèce au Vème siècle av JC, puis répandu par les Romains dans tout leur empire. Sport national en Angleterre au XVI ème siècle, il fit ensuite son apparition en Espagne qui l'introduisit dans le nouveau monde.
Véritable institution en République Dominicaine, les combats de coq sont ici ce que la corrida est à l'Espagne : une institution.
Nous sommes en effet ici très loin d'une simple occupation ou d'un simple passe-temps. Le combat de coq est tout simplement le plus gros jeu d'argent. Les montants des paris et les prix offerts sont considérables. A Matancita, une affiche annonce un prix de 100000 pesos ( soit 50000 francs) pour le 2ème combat le plus rapide!! ( Excusez-nous mais 'una becerra' est le prix du combat le plus rapide... et nous ne savons pas ce que cela signifie!!! ). Aussi n'est-il pas rare que le propriétaire d'un Champion devienne millionnaire!Eleveur et son 'champion'
- Avec mes coqs, je me suis acheté toutes mes propriétés! nous déclare fièrement un propriétaire rencontré au hasard de la route.
Ainsi, chaque petit village possède une ou plusieurs 'écuries' (le nom n'est peut être pas bien choisi, je l'avoue!) où les propriétaires des champions se regroupent dans des clubs.
Conseils de préparation, massages, tactiques et techniques de combat sont alors savamment enseignées et restent des secrets 'maison'. De race spéciale, très haut sur pattes, le coq de combat est alors entraîné pendant un à deux ans avant de livrer son premier combat.
Physiquement, il se distingue nettement d'un vulgaire coq de basse-cour par ces particularités suivantes.
La crête tout d'abord est coupée à raz pour éviter toute prise (de bec!) par l'adversaire. Les plumes du cou, du dos et des pattes sont rasées pour les mêmes raisons. Dernier attribut indispensable dont il sera paré au début de chaque match : l'ergot métallique -ou d'écaille-, tranchant, fixé sur son cinquième ergot.
Ergots en écaille d'un coq de combat .
Pour aiguiser l'agressivité et la force qui distingue un tocard d'un champion, des produits 'spéciaux', qu'on appelle pudiquement 'vitamines', viennent, dans ce sport également, aider le destin... En vente libre dans les clubs et les arènes de combat, le graphisme des publicités qui vantent ces produits valent le détour!
Plus qu'un sport, c'est un véritable business qui est organisé autour des coqs, tant les sommes en jeu sont considérables. 'Sportivement', les règles sont simples et peuvent se résumer ainsi. Deux coqs mis face à face sur la piste pour un combat qui dure au maximum 15 minutes ( La durée peut être différente; elle est variable et est spécifique à chaque manifestation). Laissés à eux- mêmes et sans intervention de quiconque, ils vont ainsi s'affronter jusqu'à ce que la mort d'un des coqs ou son refus de combattre est constaté par l'arbitre de la rencontre. Le match est déclaré nul si aucun de ces deux évènements n'apparaît avant la limite.
Forts de ces petites connaissance, nous entrons alors dans le 'Coliseo Gallistico' (Collisé Gallistique) de Matancita pour assister au rendez-vous dominical de la région. Comme nous entrons dans l'arène, l'ambiance bat déjà son plein. Les quelques 200 parieurs excités par l'enjeu et la passion, enveloppent l'arène d'acclamations confuses. Nous pénétrons un monde que nous ne connaissons pas...
Publicité et produits pour coq 'Tout pour votre coq'Prenant des billets 'spectateurs' à 20 pesos ( 10 francs) la place, nous montons donc à la dernière rangée des gradins, séparée des autres par un grillage infranchissable. Ici, nous sommes simples spectateurs, interdits de paris. Au dessous de nous, plusieurs rangées concentriques en escaliers accueillent les parieurs pour un tarif de 100 pesos (50 F) l'entrée. Au centre, cernée par un boudin gonflable et mesurant environ 5 mètres de diamètre, se tient la piste où se déroulent les combats.
Comme à chaque meeting, plusieurs combats sont proposés aux parieurs. Là encore, chaque match donne lieu à un cérémonial particulier.
Acte 1 : Les futurs adversaires arrivent dans des sacs, présentés au juge-arbitre par des officiels en blouse, permanents du club où se déroule la rencontre. Ils sont ensuite pesés et une couleur est attribuée à chacun d'entre eux. Elle simplifiera la prise des paris.
Acte 2 : Un troisième coq est alors introduit dans l'arène pour faire office de sparing-partner. Les coqs sont libérés de leur sac, et tenus en main par un officiel. Ces hommes sont chargés d'exciter et d'exhiber l'agressivité respective des futurs adversaires, qui ne tarde d'ailleurs pas à s'exprimer. Pendant ce temps, deux personnes prennent les paris dans les gradins. Un brouhaha indescriptible enveloppe l'arène toute entière...
Acte 3 : La piste couverte d'un feutre vert est libérée, et au moment où la cloche retentit, les deux assaillants sont libérés pour s'affronter dans ce combat à mort.
L'ambiance électrique est très spéciale, les cris d'encouragements et d'insultes fusent de toute part. Tous les yeux sont fixés sont les coqs, qui s'affrontent violemment à coups de bec et d'ergots acérés. Le spectacle est cruel, très rapidement sanglant. Un des deux 'champions' prend très vite l'ascendant sur son adversaire qui tente de rendre les coups sans y parvenir. Le coq perdant...
Le public hurle, debout. Un homme,dans un état second, frappe violamment sur le boudin gonflable qui le sépare des combattants, tentant d'inverser le résultat qui semble inéluctable.
En 7 minutes, l'affaire est règlée : le coq blanc, maculé de sang s'effondre sur la piste. Le coq roux est vainqueur. Au verdict de l'arbitre, les officiels ramènent les deux coqs à leur propriétaire, l'ambiance survoltée est retombée et déjà on s'achemine vers le combat suivant. Aucun hourra, aucun bravo. Le spectacle continue...
C'est le moment que nous choisissons pour quitter l'enceinte, passant devant les cages où attendent les gallinacés-gladiateurs et leurs propriétaires. A quelques mètres de là, assis sur un banc, la tête dans les mains, le propriétaire du coq blanc est sous le choc. Son coq, qui vient de livrer son dernier combat, gît à ses pieds... Combien de combats a-t-il gagné avec 'son' champion ?? On ne le saura pas. Mais une chose est sûre : il ne le ramènera pas à la maison ce soir, ça ne se fait pas.
Tête baissée, un gamin vient alors le lui demander, et, après un signe de la tête, repart avec le prochain repas de la famille. Déjà le public s'enflamme pour le combat suivant...