Veggie 2.0 Fini la viande ! Le végétarisme est en train de s’imposer. Nouveau
leader du mouvement : Jonathan Safran Foer. Son livre en a déjà incité
plus d’un à réfléchir, et a contribué à réduire la présence d’animaux
morts dans nos assiettes.
© PETA
Les légumes sont les nouveaux fournisseurs de
protéines. On renonce de plus en plus à manger des cadavres. Pas un jour
ou presque ne passe sans qu'un musicien, un acteur, un artiste ne
s’élève contre la consommation de viande. Jens Friebe, musicien,
journaliste et écrivain, l’a chanté il y a déjà quelques années : « Il y
a de l’huile, il y a de la farine / Il y a du pain, et il y a du vin /
Mais tu vas acheter au comptoir des morts / Le grand magasin est un
paradis / L’abattoir une oubliette saignante / Mais aucune goutte ne
traverse un cœur de pierre ».
Des stars internationales comme
Madonna, Nathalie Portman, Erykah Badu et Anthony Kiedis se sont élevées
contre la consommation de viande. C’est aussi le cas outre-Rhin d’Eva
Briegel, la chanteuse du groupe Juli, et même des rockers industriels
purs et durs comme Christoph « Doom » Schneider du groupe Rammstein ne
veulent plus d’animaux morts dans leur assiette.
Rammstein - Christoph Schneider« Je
crois que c’est une évolution. Les gens ont commencé par trier leurs
déchets, par se préoccuper de l’environnement, et maintenant ils se
posent des questions sur leur alimentation, notamment par rapport à
l’élevage industriel. Après la Seconde Guerre mondiale, la consommation
de viande par individu a énormément augmenté. Jamais, à aucun moment de
l’histoire, elle n’a été aussi élevée qu’aujourd’hui. Ne serait-il pas
temps de se dire qu’on en mange peut-être trop, qu’on pourrait essayer
autre chose ? » Des poussins vivants triés à la chaîne
comme des déchets. Des milliers de bovins entassés dans un hangar. Des
dizaines de milliers de volatiles dans un réduit sans fenêtre se tuent à
coups de bec. Le calvaire des animaux dans les fermes industrielles est
connu. Pourtant, nombreux sont ceux qui restent de marbre. Jusqu’à
l’arrivé de Jonathan Safran Foer et de son livre Faut-il manger des
animaux ? En un rien de temps, il devient le fer de lance du
végétarisme, avec des arguments qui vont bien au-delà de la simple
morale.
Jonathan Safran Foer – Faut-il manger des animaux ?« On
dit que la viande de l’élevage industriel est la nourriture la moins
chère qui ait jamais existé. Or c’est faux, c’est la plus chère. Une
association écologique a fait une étude sur le coût environnemental d’un
hamburger proposé à 1 dollar chez McDonald’s : deux cent trois dollars.
Et ce n’est pas une estimation, c’est un calcul. Mais comme tous les
coûts de production sont externalisés, ce n’est pas McDonald’s qui paie,
ce sont les consommateurs, ce seront nos enfants et nos
petits-enfants. » Impact de la production de viande sur le
climat : 18 % des gaz à effet de serre produits sur toute la planète
sont dus à nos comportements alimentaires. L’UNO demande une baisse de
la consommation de viande pour nous protéger nous-mêmes, mais aussi pour
protéger l’environnement. Et tandis que, dans le monde, des centaines
de millions d’hommes et de femmes ont faim, nos chers animaux ingèrent
plus d’un tiers de la production mondiale de céréales.
Eva Briegel« J’ai
essayé de me représenter combien de matière végétale il faudrait pour
produire un kilo de viande. En fait, on pourrait nourrir beaucoup plus
de personnes avec cette matière végétale qu’avec la viande qu’elle sert à
produire. C’est fou, tout ce qui part dans l’élevage – combien d’eau,
combien de fourrage, combien d’espace. Et tous les gaz toxiques que ça
génère, juste pour produire un morceau de viande. Ce gâchis incroyable
m’a toujours mise mal à l’aise. » L’Union internationale
végétarienne demande modestement de ne pas manger de viande le jeudi. Le
but de ce mouvement n’est pas de mettre la viande à l’index. S’il y en
avait moins dans les assiettes, ce serait déjà une belle réussite !
Jonathan Safran Foer – Faut-il manger des animaux ?« Ce
dont nous avons besoin, c’est d’un monde où se consomme moins de
viande. Si la moitié de la population devenait végétarienne dans dix
ans, ce serait formidable, même si c’est utopique. Mais peut-être
qu’alors, la moitié des repas seront végétariens. C’est l’objectif que
nous devrions poursuivre. […] Tout repas est un choix. Et nous devons
faire de meilleurs choix. » Qu'est-ce qui se cache derrière
le nouveau végétarisme ? Simple mode ou tendance lourde ? TRACKS hésite
entre steak et tofu, s’interroge, et pense que deux jours au moins sans
viande, ce ne serait pas si terrible (par semaine, évidemment !).
VIDEO : http://www.arte.tv/fr/Echappees-culturelles/tracks/Tracks-du-7-octobre-2010/3810370.html