Le lait semble être un aliment bien innocent.
Pourtant, c’est un véritable lobby industriel qui nous pousse à en consommer toujours plus, pour le plus grand malheur des vaches et de leurs veaux et au détriment de notre santé.
Le lait historiqueCa n’est qu’avec l’avènement de l’élevage
et de la domestication que les humains ont pu profiter de la production
de lait des autres mammifères. Produit par les femelles, le lait permet
de nourrir leur progéniture jusqu’au sevrage, c'est-à-dire jusqu’à ce
qu’elle soit capable de trouver elle-même sa nourriture et de la
digérer. Composé d’eau, de glucides, de lipides, de protides et de sels
minéraux, c’est un aliment complet dont la composition varie en fonction
de l’espèce à laquelle il est destiné, et aussi au cours de sa
production. C’est le lait des vaches qui a vraisemblablement été le
premier à être consommé, et c’est toujours lui qui l’est principalement
aujourd’hui.
Le sort des veauxPour qu’elles produisent suffisamment de lait, les vaches « laitières »
doivent mettre bas d’un veau tous les ans, dès l’âge de deux ans. Elles
sont en général inséminées artificiellement trois mois après avoir
vêlé. Les veaux leur sont retirés quelques jours après la naissance.
C’est un stress énorme autant pour la mère que pour son petit car leurs
liens sont extrêmement ténus.
Les veaux ne pourront pas se développer correctement loin de leur mère,
ni du point physique, ni point de vue comportemental. Leur avenir
industriel est de toute façon tout tracé : future vache laitière ou
élevé en batterie pour sa viande, la courte existence du veau ne sera
que souffrances, stress et privations. Les veaux vendus pour l’abattage
ont un prix pouvant avoisiner les 10 €, et sont donc difficilement
l’objet d’attentions… La France est le premier producteur de viande de
veau en Europe, avec 232,1 milliers de tec (tonnes équivalent carcasse)
en 2008. Environ 20% des veaux nés en France sont des « veaux de
boucherie ».
Les vaches laitières en FranceEn 2008, d’après la FAO, ce sont 3 880 000 vaches qui ont produit 24 516
320 tonnes de lait en France. Cela correspond à plus de 6 300 kg par
animal ! Pour parvenir à une telle production, rien de naturel. Depuis
50 ans, les vaches souvent de race Holstein, mais aussi normandes ou
montbéliardes, ont été sélectionnées pour une production laitière
toujours plus importante. Des 4 litres par jour nécessaires à l’élevage
d’un veau, certaines vaches sont ainsi passées à près de 30 litres ! A
l’origine de cette hyperproduction dont les ingénieurs de l’INRA sont si
fiers, un facteur de croissance qui fait aussi que les vaches sont bien
plus grosses qu’il y a 50 ans. La sélection génétique in vivo dans
toute sa splendeur…
La santé des vaches en périlLes vaches ainsi sélectionnées sont trop lourdes pour leur squelette, ce
qui entraîne boiteries et autres troubles fonctionnels. En outre, leur
pis débordant de lait plus qu’il n’en peut contenir, est trop lourd et
trop volumineux, ce qui provoque un écartement des membres postérieurs
et des lésions au niveau des pieds. Les mastites et les problèmes de
vêlage sont également courants…
Les conditions d’élevageMais le calvaire des vaches laitières ne s’arrête pas à vêler et
produire toujours plus de lait. Leur quotidien est particulièrement
difficile. Les vaches en pâturage et en coures paillées sont peu
nombreuses. Leur élevage se fait plus souvent en stabulation à logettes
(les animaux sont séparés les uns des autres par des parois) ou pire, en
stabulations entravée : les vaches n’ont alors aucune possibilité de se
mouvoir… Elles accumulent les problèmes de santé et souffrent de
mammites à répétition. Rien n’est fait pour leur bien-être, seule leur
production est importante.
Pas de retraite paisibleComme seule l’hyper-productivité est intéressante, et qu’elle est
limitée dans le temps, les vaches « laitières » sont en général «
recyclées » après 3 ans… et abattue pour leur « viande de bœuf », bien
qu’elle soit de moindre qualité. Du steak haché à l’alimentation
animale, l’industrie du lait est étroitement liée à l’industrie
de la viande. Les intérêts économiques y obligent…
Le lait dangereux pour la santé ?Le lait ne fait pourtant pas l’unanimité des scientifiques. Les
recommandations de 3 à 4 laitages quotidiens pourraient même être
criminelles à en croire certains… Outre les différentes intolérances au
lactose et autres diabètes précoces identifiés chez les jeunes enfants
consommateurs de lait industriel (mais l’allaitement maternel n’est pas
toujours aussi simple qu’il y parait) le lait consommé en grande
quantité serait source de problèmes de santé. Dans tous les cas, les
arguments incitant à sa consommation sous des prétextes sanitaires
seraient hautement fallacieux. 75% des humains ne digèrent pas le lait.
En trop grande quantité, il abaisse notre niveau de vitamine D. Quant au
calcium, l’eau, les légumes, les amandes en contiennent suffisamment…
Si à cela on ajoute les dérives dans la qualité du lait liées à la
sélection génétique et à l’IGF-1 semblable au facteur de croissance
humain et qui aime induire la multiplication irraisonnée des cellules,
on comprend que le lait pourrait rapidement devenir cancérigène… si ce
n’est déjà le cas*. Le lait : à consommer avec modération et bio de
préférence, pour des raisons autant éthiques que sanitaires !
(*) Larsson, S. (2004) : Milk and lactose
intakes and ovarian cancer risk in the Swedish Mammography Cohort.
American Journal of Clinical Nutrition, Vol. 80, No. 5, 1353-1357 - Citation :
- “La vache laitière est l’exemple suprême de la mère
surmenée. De tous nos animaux d’élevage, c’est celui qui travaille le
plus dur et il est possible de calculer cela scientifiquement. C’est
l’équivalent d’un coureur qui courrait six à huit heures par jour, ce
qu’on pourrait appeler une course folle."
John Webster, professeur à l’École vétérinaire
de l’Université de Bristol
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