Bidalinouette Admin
Age : 47 Localisation : Stembert, Belgique Végétarien? Végétalien? Végan? Omnivore? : Vegan Vos animaux : Grisou, Kumquat, Savannah, Noursonne, Eden, Roméo, Foly et les 3 bb les pouics, Noisette la pinou Humeur : Sauveuse de ptit pouics et autres Emploi/loisirs : Cherche un emploi Nombre de messages : 3793 Date d'inscription : 05/10/2008
| Sujet: Le pouvoir des beaufs au bout du fusil Ven 26 Aoû 2011 - 12:00 | |
| Mis en ligne le mardi 23 août 2011 En attendant le prochain grand massacre cynégétique annuel — c’est-à-dire l’ouverture générale de la chasse le 18 septembre —, le «gibier d’eau» (canards colverts ou siffleurs, sarcelles, oies…) s’en prend plein les plumes depuis le 7 août. Entretien avec David Joly, vice-président de la Convention Vie et Nature pour une écologie radicale, sur une dictature exercée par une ultraminorité, avec la complicité des députés — hormis celle d’Yves Cochet, de Noël Mamère, de François de Rugy et d’Anny Poursinoff, les quatre élus à l’Assemblée nationale d’Europe-Écologie-Les Verts, les seuls politiques qui, jusqu’à présent, osent s’opposer aux chasseurs. Comment définir la chasse, et de quand date la dernière législation? Tout comme la corrida, c’est une activité ayant pour finalité la torture d'un animal jusqu’à la mort. La loi de base instituant l’organisation de la chasse en France est poussiéreuse et nauséabonde: elle n'a pas bougé d'un iota depuis sa promulgation, le 2 mars... 1844! Elle prévoit entre autres l'accord tacite de tout propriétaire. Ce qui veut dire que la notion de propriété privée est jetée aux oubliettes. L'autorisation de chasser ne doit pas être obtenue par le chasseur, mais c'est bien le propriétaire terrien opposé à la chasse qui doit obtenir l'autorisation de ne pas voir son terrain transformé en champ de tir! Depuis, tout ce qui fut voté en termes de lois sur la chasse n'a été que mesurettes servant à dérouler un peu plus le tapis rouge à la cynégécratie (tel, dernièrement, le délit d'entrave à la chasse), sans jamais remettre en cause son organisation désuète. Ah, si, une «grande» réforme tout de même: la loi du 28 juin 1941 relative à l'organisation de la chasse, instituant les fédérations départementales, et signée de la main du maréchal Pétain. La chasse est le dernier héritage du régime de Vichy subsistant dans notre société.
Les chasseurs prétendent toujours «réguler». Qu’en est-il réellement? L'argument de chasser pour se nourrir ne tient plus la route de nos jours. D'ailleurs, aucun chasseur ne l'utilise plus. La bête abattue finit chez le taxidermiste pour être transformée en décoration de salon, ou est tout simplement laissée sur place. L'argument de base d'aujourd'hui est bien la régulation. Il faut réguler sous peine d'être victime d'une invasion massive, incontrôlable, à la limite de la conspiration! Axel Poniatowski, député à la passion cynégétique revendiquée, n'a pas eu peur de déclarer que, sans l'intervention des chasseurs, les renards descendraient jusque dans le métro parisien! Ainsi, le renard et tant d'autres espèces font partie de cette liste de «nuisibles» (à qui?) qu'il faut absolument éradiquer, jusqu'au dernier. En occultant bien sûr le fait qu'un renard représente justement une régulation naturelle de 6 000 rongeurs annuels de par sa consommation. Victimes de leurs propres excès, les chasseurs «régulent» des populations qu'ils ont eux-mêmes introduites après les avoir élevées durant plusieurs mois (50% à 70% des individus tués, selon l'espèce). Des animaux d'élevage tirés dans les minutes, voire les secondes suivant leur lâcher en pleine nature, où ils restent la plupart du temps pétrifiés sur place, totalement déboussolés par cet environnement nouveau et inconnu. Ou qui parfois reviennent d’instinct vers la main qui les a nourris et qui s'apprête à leur donner la mort. Cette introduction d'élevage ne concerne pas forcément que les petits gabarits, tels les lapins ou les perdrix: le cochonglier est désormais monnaie courante. Croisement de sanglier et de cochon, de façon à obtenir un spécimen se laissant gentiment trucider (le pur sanglier ayant une fâcheuse tendance à charger lorsqu'il se sent acculé...).
Le nombre de chasseurs en France est en forte diminution… Vous confirmez? La Fédération nationale de chasse avance le chiffre de 1,5 million, mais de nombreux chasseurs souscrivent un permis dans leur propre département et également dans les départements limitrophes — un chasseur peut ainsi être comptabilisé deux, trois, quatre fois, voire plus… Or 20000 à 30000 permis ne sont pas renouvelés chaque année. Il faut également souligner que cette diminution est ralentie par la souscription de permis de chasse par des citoyens de pays voisins, venant pratiquer en France ce qui est désormais interdit ou très réglementé chez eux. Ainsi, il n'est pas rare de croiser dans les forêts de la région parisienne ou de l'Oise des veneurs anglais en mal de chasse à courre, interdite chez eux depuis 2004, ou, au sein de la forêt de Mormal, dans le Nord, des escadrons de 4x4 immatriculés en Belgique et venus s'adonner à des battues de sangliers. On compterait en réalité environ 1 million de chasseurs, sur plus de 64 millions d’habitants, soit 1,56% de la population, qui tueraient quelque 30 millions d’animaux (braconnage non compris)… et une trentaine d’humains — chasseurs et non-chasseurs — par saison de chasse.
D’autres animaux que le gibier sont-ils des victimes «collatérales» de la chasse? On compte deux autres catégories de victimes. Elles sont fort heureusement bien moins nombreuses, mais leur disparition n'en reste pas moins tragique. La première de ces catégories regroupe les animaux domestiques. Eh oui, dans le feu de l'action, un cheval ou un chevreuil, c'est parfois kif-kif… Concernant la saison 2010-2011, on a officiellement recensé le tir mortel de quatre chiens, quatre chevaux, quatre bovidés et un âne — ce dernier tiré de nuit et se trouvant juste à côté de la tente des campeurs qu'il accompagnait en randonnée. Là aussi, on parle de «chiffres officiels». Pas de trace donc des nombreux chats victimes de pièges à renards ou à fouines ou ayant servi de défouloir aux frustrés du jour rentrés sans gibier dans la besace.
Combien coûte la chasse, et qui paie? Comme la corrida, la chasse a ce don d’opacité dès lors qu’il s’agit de parler finances et budget. Elle est ultradéficitaire, financée par l'ensemble de la communauté via ses impôts. Et le coût ne s'arrête pas aux subventions octroyées: chaque année, ce sont des dizaines, voire des centaines de millions d'euros à régler à l'Union européenne pour non-respect des directives protégeant certaines espèces chassées en France (ours, loups, tétras...). Mais, comme tout autre loisir reposant sur la mort, la chasse est amenée à disparaître. Sera alors réalisé un grand pas vers l'empathie, la civilisation et la démocratie. Propos recueillis par Luce Lapin 20 août 2011 [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
• À lire: — Pour en finir avec la chasse, Gérard Charollois (éditions Imho, collection Radicaux libres). — Pour la séparation de la chasse et de l’État, Armand Farrachi (boutique Droits des animaux).
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