AnimaVeg
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
AnimaVeg

Mouvement de promotion des Droits des Animaux et du Veganisme
 
AccueilRechercherDernières imagesS'enregistrerConnexion
Le Deal du moment : -39%
Pack Home Cinéma Magnat Monitor : Ampli DENON ...
Voir le deal
1190 €

 

 Le plaisir de manger les animaux

Aller en bas 
AuteurMessage
Bidalinouette
Admin
Admin
Bidalinouette


Age : 46
Féminin
Localisation : Stembert, Belgique
Végétarien? Végétalien? Végan? Omnivore? : Vegan
Vos animaux : Grisou, Kumquat, Savannah, Noursonne, Eden, Roméo, Foly et les 3 bb les pouics, Noisette la pinou
Humeur : Sauveuse de ptit pouics et autres
Emploi/loisirs : Cherche un emploi
Nombre de messages : 3793
Date d'inscription : 05/10/2008

Le plaisir de manger les animaux Empty
MessageSujet: Le plaisir de manger les animaux   Le plaisir de manger les animaux Icon_minitime1Lun 21 Juin 2010 - 14:32













Claude Gagnon
Professeur de philosophie
Le plaisir de manger les animaux Spacer
Le plaisir de manger les animaux Ecblank





Présentation
Ce texte tend à démontrer que la préoccupation
pour le sort des animaux ne date pas d'hier, même si on hésite encore à
considérer leur souffrance comme évitable.






Extrait
«C’est donc une combinaison des principes
aristotéliciens et de ceux des utilitaristes qui conduit à la
préoccupation pour la douleur animale.»













Le plaisir de manger les animaux Spacer
Le plaisir de manger les animaux Ecblank




Le plaisir de manger les animaux Ecblank
Le plaisir de manger les animaux Ecblank
Texte
Durant tout le Moyen Âge et la Renaissance, l’Histoire des animaux, d’Aristote, comprenant 10 livres, a suscité l’intérêt des
scientifiques européens, arabes et juifs (1). Cet ouvrage, de même que
sa suite (
Traité sur les parties
des animaux
) ont formé les
arcanes de notre conception scientifique de la Nature, ne serait-ce que
par le paradigme énonçant la loi universelle de compensation organique :
«La nature remet d’un côté ce qu’elle prend de l’autre… Elle ne peut se
prodiguer également en deux endroits. Ainsi, le développement de la
carapace chez les crabes se fait au détriment des pattes».

Les commentateurs s’accordent pour
s’émerveiller devant la multiplicité des exemples clairs et nombreux
pour étayer la classification nouvelle proposée par Aristote et qui
prévaut encore aujourd’hui, bien que la découverte des bactéries
invalide la théorie de la génération spontanée énoncée par le Stagirite
dans sa
Génération des animaux, ouvrage qui fait suite aux deux précédents.
Le
Dictionnaire des Œuvres (Laffont-Pompiani) souligne qu'«Aristote a posé
une fois pour toutes le problème de la classification des êtres vivants
sur des bases morphologiques; en ce sens, nous pouvons dire que la
valeur de cette oeuvre reste définitive».

Ce n’est pas dans ces trois ouvrages
seulement qu’Aristote a traité de la classification des animaux mais
d’abord dans son
Traité de l’Âme dans lequel il leur accorde la sensibilité,
alors qu’il la refuse aux plantes du règne végétal et qu’il refuse même
toute vie au règne minéral. Cette classification différenciée des trois
genres ultimes de la nature a prévalu dans les mentalités savantes
beaucoup plus tard que l’effondrement de la
Physique d’Aristote à
l’âge classique puisque les expériences des mécanicistes visant à nier
la souffrance des animaux et expliquant le cri animal par un «grincement
de poulies» n’ont convaincu personne. Un survol de la morale
utilitariste post-kantienne permet de repérer facilement l’origine
scientifique d’une préoccupation utilitariste toute contemporaine
affirmant que la souffrance des animaux existe bel et bien.

On peut trouver les informations
pertinentes à cette démonstration dans le cours d’éthique d’Éric Lavoie
(2). Selon cet auteur, les quatre principes utilitaristes sont les
suivants: le bien-être commun, la recherche du plaisir et l’évitement de
la douleur, l’égalité des intérêts des êtres concernés et le
thermomètre moral (calcul de la réelle utilité d’une action). Il fait
remarquer que «Les théories utilitaristes n’accordent pas toutes la même
importance aux intérêts des animaux», mais la lecture de ses auteurs
choisis mène à la légitimation d’une préoccupation pour la douleur des
animaux.

Jeremy Bentham, premier fondateur de
l’utilitarisme, est célèbre pour sa quantification et sa classification
du plaisir, qu’il ne réduit jamais à un confort matériel. Les
différentes composantes du plaisir devraient, selon ce philosophe qui
suit en cela le sillage de l’antique Épicure, toujours faire l’objet de
notre interrogation avant le passage à l’action: la durée du plaisir,
mais aussi son intensité (un grand plaisir n’est pas toujours un plaisir
intense), sa probabilité, son étendue, sa proximité, sa fécondité et sa
pureté. Cette dernière considération couvre la question des effets
secondaires désagréables; encore là, Épicure avait déjà statué qu’un
plaisir qui entraîne plus de douleur conséquente que de plaisir
conséquent devrait être rejeté par le sage.

John Stuart Mill, le second fondateur de
l’utilitarisme, a plutôt travaillé pour sa part la qualité du plaisir et
a suivi lui aussi le raisonnement épicurien en privilégiant les
plaisirs intellectuels (ceux de l’âme) plutôt que les plaisirs charnels.
Il a établi, par exemple, une différence entre le bonheur et la
satisfaction, et a formulé ce principe dans la sentence suivante: «Il
vaut mieux être un homme insatisfait qu’un porc satisfait».

C’est donc une combinaison des principes
aristotéliciens et de ceux des utilitaristes qui conduit à la
préoccupation pour la douleur animale, par le raisonnement qui suit. Les
animaux sont dotés de sensibilité; ils jouissent et ils souffrent.
Quand nous mangeons pour notre survie ou dans notre quotidien nous
sommes tributaires de la loi de compensation naturelle. Nous devons
alors nous demander si nous pourrions nous nourrir aussi bien sans nous
appuyer sur la souffrance animale issue de la chasse et de l’abattage
qui vont de pair avec la consommation de chair animale. Si nous sommes
en situation de survie, il est juste d’assurer notre vie humaine en
consommant la chair des vivipares, ovipares, oiseaux ou poissons (c’est
la classification de base d’Aristote). Mais si nous avons le choix d’un
régime végétarien assurant notre survie ou notre plaisir en toute
suffisance et en parfaite égalité avec le régime animal, nous devrions
alors peser cette équation d’égalité entre les douleurs et les plaisirs
produits par cette consommation pour les vivants concernés, les mangeurs
et les mangés. Dans la mesure où la consommation de substance animale
n’a aucun avantage absolu par rapport à ce que peuvent nous apporter les
différents végétaux (fruits, légumes, céréales, noix, légumineuses,
algues, etc.), la question morale de l’égalité devient pertinente.

Un philosophe utilitariste actuel, Peter
Singer, complète le tableau choisi par le professeur Lavoie dans son
cours d’éthique et ce choix n’est pas accidentel. Le philosophe
australien, qui enseigne actuellement à l’université de Melbourne, a
écrit un ouvrage consacré précisément à la défense des animaux (
Animal Liberation). Son utilitarisme tient compte «du principe de
considération égale des intérêts des animaux» et son paradigme général
est le suivant: «S’il est en notre pouvoir d’empêcher quelque chose de
mal de se produire, sans avoir à sacrifier quelque chose d’une aussi
grande importance morale, nous devrions, moralement, le faire».

Formulé ainsi, le problème devient le
suivant: est-ce que le plaisir individuel de manger de la viande est
plus grand que la douleur occasionnée à tous les animaux vivants
emprisonnés pour fins de consommation et aux désagréments et aux risques
de santé qui sont multiples pour l’humanité, suite à la généralisation
de cette consommation?

En intégrant le vocabulaire des
utilitaristes à la morale d'Épicure, on pourrait dire que le plaisir de
manger des cotelettes grillées peut satisfaire mais ne peut rendre
heureux, qu'il peut même rendre malheureux. Pour un utilitariste qui
observerait avec son thermomètre moral la pratique actuelle de
consommation massive d’animaux, le jugement serait rapide. Mais déjà à
l’échelle antique, on comprend mieux pourquoi l’épicurien prononçait le
même jugement moral et s’obligeait à la restriction de consommation
carnivore.


Notes
1) Voir Carlos Steel, Guy
Guldentops et Pieter Beullens (éd.),
Aristotle's Animals in the Middle Ages and Renaissance, Leuven University Press, 1999.
2) Éric Lavoie, «Éthique et
société»,
Ministère de l’éducation du Québec;
cours d'enseignement à distance, 2001, module 6.
Le plaisir de manger les animaux Spacer
Le plaisir de manger les animaux Spacer
Le plaisir de manger les animaux Ecblank
Le plaisir de manger les animaux Spacer


[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Revenir en haut Aller en bas
https://animaveg.forumactif.org
 
Le plaisir de manger les animaux
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
AnimaVeg :: ANIMAUX :: Discussions générales :: Actualités/ Opinions-
Sauter vers: