NEUROLOGIE
Trop de protéines nuit au cerveau NOUVELOBS.COM | 21.10.2009 | 11:44
Une
étude dont l’objet est d’évaluer les possibles relations entre
l’alimentation et la maladie d’Alzheimer révèle, de façon assez
surprenante, qu’une alimentation riche en protéine pourrait affecter la
taille du cerveau. Ces
premiers résultats sont bien sûr à prendre avec les précautions
habituelles lorsque l’objet de la recherche porte sur des animaux, ici
des souris transgéniques, et pas sur des êtres humains. Mais ils
pourraient s’avérer intéressants ne serait-ce que parce qu’ils ouvrent
une nouvelle fenêtre d’étude du cerveau, humain, cette fois-ci.
Les liens entre alimentation et maladie d’Alzheimer font l’objet
d’études depuis plusieurs années maintenant. Ces travaux suggèrent
qu’un régime à faible teneur calorique, pauvre en graisses et riche en
légumes, fruits et poissons pourrait retarder l’apparition ou ralentir
la progression de la maladie d’Alzheimer.
C’est au cours de l’une de ces études consistant à évaluer les effets
de différentes diètes sur des souris transgéniques modèles de la
maladie d’Alzheimer qu’une équipe Anglo-saxonne a constaté des
anomalies cérébrales chez certains rongeurs. Plus précisément sur ceux
qui avaient été nourris avec un menu à haute teneur protéique et pauvre
en glucide. En moyenne leur cerveau était 5% plus petit que celui des
souris nourries avec moins de protéines et les chercheurs ont également
constaté une atrophie dans certaines zones de l’hippocampe, une région
du cerveau connue pour son rôle dans la mémoire et l’apprentissage.
Ce résultat a été une surprise, et, jusqu'à ce que les chercheurs
testent cet effet sur des souris non transgéniques, il est difficile de
savoir si la perte de masse du cerveau est associée à la maladie
d’Alzheimer ou s’il s’agit d’un phénomène plus général.
Mis à part les recherches sur les rongueurs, la question urgente est de
savoir si ces données ont des implications pour le cerveau humain. «
Etant donné l'association démontrée dans plusieurs études entre un
régime riche en protéines et le vieillissement des neurones, on se
demande si une diète particulière administrée à un âge particulier
pourrait augmenter l’incidence ou la progression de la maladie
d’Alzheimer », explique Sam Gandy, neurologue à la Mount Sinai School
of Medicine de New-York, et auteur principale de l’étude publiée dans
le journal
Molecular Neurodegeneration.
Pour le chercheur, seuls des tests menés en double aveugle chez des
patients atteints de la maladie d’Alzheimer permettraient d’identifier
des facteurs de risque, ou protecteur, alimentaire. « C’est une
entreprise difficile mais potentiellement intéressante. Il existe de
réelles chances de pouvoir agir sur le développement de la maladie
d’Alzheimer avec l’alimentation » conclut-il.
J.I.
Sciences-et-Avenir .om 21/10/2009