-Bonsoir Florent.
-Bonsoir papa.
-Florent, tu as vraiment bonne mine.
Qu’est-ce que je t’offre, de la vodka ou une bière ?
-Du champagne.
-On fête quelque chose ?
-Je vais me marier.
-A la santé des tourtereaux.
Comment s’appelle-t-elle ?
-Andréa, elle te plaira, j’en suis sur.
-Ainsi, tu vis avec un garçon depuis un an et tu nous apprends cela seulement maintenant.
Qu font ses parents ?
-Que font ses parents !!!!!!!!!!!!
-Son père s’occupe d’animaux.
-D’animaux ?!
-Oui, enfin, il les achète aux éleveurs et les zigouille.
C’est ça, il est directeur de l’abattoir de Nice.
-Tu ne crois pas que c’était la première chose à nous dire ?
-Il est dans la carrière, c’est bien la carrière.
-Et la maman, elle travaille ?
-Non elle s’occupe de ses nombreux enfants.
-Coucou Renato !
Et bien, tu en tire une de ces têtes ce matin, qu’as-tu, mon p’tit chat ?
-Florent se marie.
-C’est drôle, j’avais rêvé il y a quelques jours que Florent se mariait.
Ce n’est pas vrai.
-Si, avec une fille qu’il a rencontré à l’université.
-Une fille en plus, ha non Renato, tu le laisses trop libre.
Suite aux pressions exercées par L214, le ministre Berthier a interdit le commerce de viande de lapin..
-Simon, ma vie est devenue un enfer, tous tes amis chasseurs ont téléphoné, ils ricanent, je n’en peux plus, je te quitte.
-Mais de qui rigole-t-on ? On rigole de moi. Berthier, quel faux jeton !
-J’ai la solution, Simon, votre fille épouse en grandes pompes le fils d’un directeur d’abattoir, oublié la compassion de Berthier envers les lapins, et vous retrouverez votre image de marque. Et vous faites sponsoriser le mariage par KFC s’il le faut.
-Papa, viens, c’est urgent..
-Continuez sans moi.
-Les parents d’Andréa viennent ce soir.
-Et c’est pour cela que tu me déranges.
-Andréa est la fille du député Charier, un élu de l’UMP.
-L’UMP, n’est-ce pas le parti de Sarko ?
-Exactement, tu sais qu’ils ont durci les lois anti-travelo, il faudrait éloigner Albin quelques jours, Charier préside une association de chasseurs, il ne faudrait pas lui montrer que nous sommes des amis des animaux, et quelques autres choses.
-Eloigner Albin quelques jours, et puis quoi encore ?
- il faudrait virer quelques trucs.
-Quoi par exemple ?
-Le drapeau arc-en-ciel.
-Et puis ?
-Sais pas, moi le canard en porcelaine.
-Renato range le canard dans une armoire et le casse par inadvertance.
-Un canard à la tête coupée, ça pourrait lui plaire, on le garde ?
-Fais comme tu le sens, mais tu devrais changer quelque chose dans ta manière d’être.
-Papa, pas besoin de faire un dessin.
-Renato, viens vite, Zaza et le drag-queen se tapent dessus, elle veut absolument lui retirer son chewing-gum.
-Oui, je vis avec une trans. Oui, je me maquille comme une vieille Marie Yvonne mais j’ai trouvé mon équilibre et ce n’est pas ton con de député qui va tout casser. Je l’emmerde ton député.
Jacob, je ne veux plus te voir à poil, et dorénavant, tu porteras un costard et tes office shoes.
-Je ne peux pas porter des chaussures plates, j’ai toujours été habitué à marcher avec des talons de 15cm.
-Je veux également que tu parles d’une voix normale.
-Maître, ceci est ma voix normale, la voix de mes ancêtres qui vivaient dans les arbres akoulounélélé akoulounélélé akoulounélélé.
-Renato, ça fait un bail.
-Florent va avoir besoin de toi aujourd’hui, il va se marier.
-Bon, j’annule tout mes rendez-vous, et je viens.
Mais tu n’à plus aucun poil, t’étais poilu comme un singe quand je t’ai connu.
-Maintenant, je les rase pour la scène.
-Mamoizelle, c’est quoi cette lumière rouge ?
-Il ne faut déranger la présidente sous aucun prétexte.
-Mais qu’est-ce qui se passe ici ? Un enterrement ?
-J’ai fait descendre la sono et les meubles à la cave, et l’ai remplacé par un mobilier spartiate et un christ emprunté à l’antiquaire, j’espère que tes amis apprécieront.
-Jacob, je te laisse mes disques et toutes mes perruques.
-Non maîtresse ne partez pas !
-Comment va-t-on faire ?
-Je ne sais pas.
-Je pourrais être son oncle.
-Commençons par le viriliser ce cher oncle.
Pour commencer on se tient droit, et tu tiens ton cornet de frites fermement et tu bois paisiblement ton jus d’oranges sans trembler.
J’ai une vision de toi, tu t’avances vers le McDo à la manière de Rambo,
-Rambo, le dangereux para commando ?
-Oui, et tu donne l’assaut, comme à la veggie pride.
-Ça, c’est Rambo jeune fille.
-Tu veux te battre, travelo ?
-Il y en a un qui m’a traité de travelo.
-C’est toi qui à traité mon copain de travelo ?
BAGARRE
-Jacob, enfile tes chaussures et va ouvrir.
-Papa, je te présente Florent.
-Monsieur, madame, enchanté.
-Vous prendrez un cognac ou un whisky ?
-Habituellement, je ne bois pas d’alcool, mais je ferais une exception.
-C’est moi, c’est mama, mama roma.
- ?
-Excusez-moi, retrouver le chemin de la maison sans GPS, ça devient impossible.
Je suis furieuse de vous connaître, le papa de la vilaine qui va me voler mon grand fils.
Hou la vilaine !
Mais je plaisante, chère madame, je l’aime déjà ce petit bouchon.
Alors, on vient donner une mimie à mama.
-Ha ha ha ha ha ha ha !
-Hé bien Jacob, qu’est-ce qui vous prend ?
-Rien, maîtresse.
-Florent, va intercepter ta mère.
-Excusez-moi, mais je dois m’absenter un instant.
-Qu’est ce qui est écris dans les assiettes, vegan forever ?
-Non barbaque forever.
Oui, il me semble qu’il est écrit « barbaque » et non « vegan »
-Je l’adore, cette petite.
-Si c’est barbaque qui est écris –là, je veux bien démissionner de mes fonctions, oµ sont mes lunettes ?
-Andouille, tu n’as pas donné les bons couverts, ils vont tout découvrir.
-Potage à l’antillaise, une spécialité de Jacob.
-Je suis très sensible aux ambiances et il se fait que j’apprécie la rigueur de cet endroit.
-A ce propos, ça ne vous dérange pas, cette banderole de solidarité pour les activistes autrichiens.
-Non.
-Mais c’est le même bâtiment, vous partager les murs avec ces gens-là ?
-Oui, les murs mais seulement les murs.
-Mais nous ne les fréquentons pas du tout.
-Qui est propriétaire de l’immeuble ?
-C’est nous.
-Vous louez un appartement à un défenseur des animaux ?
-Oui mais nous ne savions pas que c’était un défenseur des animaux.
-Evidemment, nous ne le savions pas.
-C’est un type discret, très taciturne, pas du tout le genre de type qui dirait « aujourd’hui, j’attaquerais bien un McDo. »
Jacob a fait tomber le diadème de zaza et à chaque mouvement, ressemble de plus en plus à une hippie délurée.
-Au départ, je dois bien avouer que j’étais contre ce mariage, Andréa est encore jeune et Florent aussi, mais puisqu’ils se sont choisis.
-Puisqu’ils se sont choisis
-Chérie, viens.
-Mais je n’ais pas encore fini mon assiette.
-Non, mais tu t’es vue, tu va tout faire foirer.
-Ben oui, ma perruque est un peu défaite mais ces gens ont été charmants.
-On va se casser la gueule, ouais, tu ne te montres plus.
-On a frappé à la porte, je crois.
-C’est la maman de Florent.
-Monsieur est parti, et je n’ai pas la clef.
-La clef est dans la niche à coté de la porte.
Stupéfaction, le porte-clef porte le sigle ALF.
-Monsieur Charier, je présume, je suis Simone, la maman de Florent.
-Bonjour
-Je savais que Florent avait du goût, mais à ce point-là.
-Florent, il a combien de maman ?
-Une seule, Albin.
-Monsieur, enchanté de vous connaître.
-Papa, est-ce que je peux te parler ?
-Directeur de l’abattoir de Nice, que m’a tu raconté.
-Partons !
Andréa, tu viens.
-Non ! Je reste !
-Je n’ai plus de fille. Je n’ai plus de fille.
-Ah les journalistes !
-Oulalalalala, après Berthier ami des lapins, Charier dans le QG de l’ALF, je suis foutu.
-Cher député, cette porte ne comporte aucune mention compromettante, vous pouvez sortir totalement incognito.
-Ah, ils ont bloqué la porte, ils veulent vous faire sortir par l’autre issue, sous la banderole de solidarité pour les autrichiens.
-Sous la banderole !
-Il va falloir que je sauve la situation une fois de plus.
-Ha, non, vous avez exagéré, vous avez mis beaucoup trop de fond de teint.
-Je sais, ça surprend toujours la première fois, mais vous avez un potentiel terrible, vous pourriez faire des ravages si vous le vouliez.
-Vite, à l’hôtel !
-C’est combien ?
-Je ne suis pas une pute, c’est moi ton patron, tu es viré !
-Simon, arrêtez.