par Mélanie Adam Une scène qu'on voit malheureusement trop souvent
La fin des usines à chiots?
Bien que la récente législation assure un certain
contrôle de la qualité des refuges pour animaux, il y a toujours des
exceptions à la règle.
«Parmi les petites annonces, je suis capable de repérer
les éleveurs de chiens qui sont sérieux ou non», mentionne Linda
Arguin, contrôleur animalier dans les Cantons-de-l’Est.
La vision d’horreur de chiens logés dans des espaces
restreints, dans des conditions d’hygiène médiocres, sous-alimentés et
sans soins vétérinaires, où celles des femelles, accouplées jusqu’à
épuisement, produisant des chiots à la chaîne, ne lui est pas
étrangère. En effet, depuis dix ans, elle a participé à plusieurs
démantèlements d’établissements d’élevage, dont à La Plaine et à
Blainville, en 2005.
Alors résidante dans la région, où elle travaillait dans un
salon de toilettage, Linda Arguin procédait à une cure de nettoyage des
chiens récupérés par la fourrière, avant leur examen chez le
vétérinaire. En 1999, avant l'entrée en vigueur de la Loi P-42 sur la
protection sanitaire des animaux, la SPCA de Montréal lui avait donné
le mandat de s’infiltrer dans une usine à chiens de
Sainte-Anne-des-Plaines qui hébergeait plus de 400 animaux.
«C’était une vraie poubelle à chiens. Il y en avait partout,
il y en avait avec les yeux crevés, d’autres brûlés. Certains étaient
tenus par une laisse si courte qu’ils leur étaient impossibles de
s’accroupir. D’autres n’étaient jamais sortis de leur cage et étaient
incapables de marcher. Leur situation était exécrable», raconte-t-elle
avec un haut-le-cœur.
Un an plus tard, la pratique illégale du Chenil du Tyrol est
sortie au grand jour. «J’ai dû me lier d’amitié avec la propriétaire
afin de gagner sa confiance et avoir accès aux carnets de santé de ces
animaux qui, évidemment, étaient vides. J’ai même dû acheter des chiens
pour prouver à quel point leur état était pitoyable. Lorsque la SPCA y
est entrée, elle savait exactement où chercher les preuves», explique
celle qui en a fait un métier.
Aujourd’hui, elle participe encore activement au
démantèlement des refuges illégaux. «Il y en a beaucoup moins depuis
l’entrée en vigueur de la Loi P-42, mais il en existe encore. Leurs
propriétaires sont très méfiants et plus difficiles à attraper»,
explique-t-elle, appelant la population à la vigilance. «Il y a de bons
éleveurs qui ne sont pas nécessairement enregistrés ou qui possèdent de
faux certificats. En cas de doute, il faut se renseigner».